Jour après jour, Life is Good. Enfin, ça se discute.
Demain, des jeunes vont manifester. Demain, à la même heure, au lieu d’être parmi eux, j’essayerai de rattraper ma moyenne à la con d’histoire, en planchant sur une soit disant « œuvre » vieille comme l’humanisme.
Puis je sortirais dans le froid, et j’irais vider le dégoût que j’aurais pas pu vider à la manif. J’irais jouer ma rebelle à Mac Do, à faire des batailles de milk-shake avec des pailles. Quelques minutes pas loin de lui, sa main dans la mienne, mes yeux qui cherchent les siens, juste quelques minutes pendant lesquelles je sentirais sa présence et que forcément tout ira bien, puisque il sera là. Un bout de temps avant qu’il ne reparte dans son bus, et moi dans mon lycée, juste pour une heure, d’histoire encore, la seule heure supplémentaire que j’aurais pu passer avec lui, bien sur. A la fin de mon heure de cours, je ressortirai encore, mais ce coup ci je serais sage, promis. Je me baladerai en ville, seule ou accompagnée, je regarderais les gens pressés, ceux qui ont des trucs à faire, écoutant le claquement de leurs talons sur l’asphalte, m’enivrant de l’odeur de cigarette froide qu’ils laissent derrière eux. Je sillonnerai ces rues que j’ai longées tellement de fois depuis que je suis ici, sur un trottoir ou l’autre, ou les deux, peu importe. Je marcherai sur les traces des millions de gens qui seront passés là depuis des siècles. Des hommes d’affaires, des mères de famille. Des soldats, des étudiants. Des riches, des pauvres. Des vivants, des morts.
Puis j’attendrais mon bus à la con pendant trois mille ans, le temps de voir passer 4 fois son bus à lui, d’avoir eu 4 fois envie de monter dedans et de le rejoindre, de m’être retenue 4 fois. Puis de regretter, 4 fois. Mon bus arrivera enfin, il fera nuit et l’intérieur éclairé paraîtra tout flou derrière la vitre embuée. Je monterai, sans un mot, le chauffeur me lancera un regard oblique comme à chaque fois que je fais ça. Je me dénicherai une place assise, dans un coin tranquille, histoire de pouvoir observer la scène. Je détaillerai les gens, m’imaginant leur vie. Leur enfance, leur présent, leur mort. Des fois je sourirais. Des fois nan. Puis je me passionnerai pour le petit bout de fille qui me fixait depuis le début du voyage, et ce jusqu’à la fin. Jusqu’à que je quitte le trop de chaud et le trop de monde, pour le froid et la nuit. Puis pour chez moi. Mes parents, mon chat et mes CDs de Coldplay qui tournent en boucle. Mon permanent manque de lui. Et le reste. Grumph.
Vivement la fin de l’hiver hein, parce que je tiendrais plus longtemps comme ça, mon optimisme commence déjà à avoir des tendances névrosées.
Fond musical : Twenty years; Placebo / Divine Excuse; Pleymo / Sunday Bloody sunday; U2.